Introduction sur les MTN au Congo
Les maladies tropicales négligées sont un groupe de maladies évitables et curables. On estime que chaque année plus de 1.7 milliard de personnes dans le monde nécessitent au moins une intervention contre les MTN, qui causent 500 000 décès sur la même période. Ces maladies touchent les populations les plus pauvres et les plus vulnérables, provoquent des handicaps et empêchent les enfants d’aller à l’école, limitant leur potentiel et conservant les individus dans une situation de pauvreté. Les MTN ne sont pas seulement un problème de santé, elles entravent aussi la croissance économique et la productivité et font obstacle à l’éducation.
Heureusement, les MTN les plus courantes peuvent être traitées à l’aide d’interventions peu coûteuses. Les cinq maladies tropicales négligées les plus courantes peuvent être prises en charge par chimioprévention dans le cadre de campagnes d’administration massive de médicaments pour moins de 0,50 centimes de dollar par personne et par an. Ces maladies sont :
- la filariose lymphatique (FL)
- l’onchocercose
- la schistosomiase
- les géohelminthiases
- le trachome
Le Congo-Brazzaville fait face à 9 maladies tropicales négligées sur les 20 répertoriées actuellement par l’OMS. Tous les districts sanitaires sont endémiques à au moins une MTN. Les interventions peuvent être divisées en deux catégories :
- Chimiothérapie préventive (MTN à CP) qui consiste en une administration de médicaments à grande échelle avec pour objectif de réduire la transmission et la morbidité associées : il s’agit de l’intervention choisie au Congo pour la filariose lymphatique, l’onchocercose, la schistosomiase, le trachome et les géohelminthiases.
- Gestion innovante et intensive de la maladie (innovative and intensified disease management, ou IDM en anglais) pour les maladies pour lesquelles des outils de contrôle bon marché n’existent pas, et qui doivent être traitées par des soins primaires. Cela inclut le traitement de maladies comme la trypanosomiase, la lèpre et l’ulcère de Buruli.
Avec le soutien de ses partenaires, le Ministère de la santé congolais a d’ores et déjà obtenu de bons résultats dans la lutte contre les maladies évitables et curables. Les progrès constants réalisés par le Congo sont aussi stimulés par l’utilisation d’outils innovants comme l’outil de gestion de carte de score.
Contexte : Développement de l’outil
Le Congo a été le deuxième pays d’Afrique à déployer une carte de score pour suivre les progrès vers les objectifs d’élimination des MTN. L’outil a été conçu dans le but de soutenir la collaboration et la coordination des parties prenantes nationales, de suivre la mise en œuvre des interventions, d’identifier les goulots d’étranglement des services et les priorités nationales et de stimuler l’action.
A l’invitation de Son Excellence la Ministre de la Santé Mme Jacqueline Lydia MIKOLO, un premier atelier a été organisé en février 2019 pour oeuvrer à la création de la première carte de score des MTN du Congo. Pour cela, vingt-cinq (25) indicateurs ont été sélectionnés par un comité technique composé des principaux acteurs impliqués dans la lutte contre les MTN, y compris des partenaires comme l’ESPEN et l’OMS. Les indicateurs ont été choisis pour refléter les priorités et les objectifs énoncés dans le plan stratégique national congolais, dont l’élimination ciblée de plusieurs maladies tropicales négligées comme l’onchocercose, la filariose lymphatique (LF), la schistosomiase (SCH), les helminthiases transmises par le sol (STH), le trachome, la lèpre, la trypanosomiase humaine africaine (ou maladie du sommeil) et le traitement de tous les cas d’ulcère de buruli par antibiotiques.
En mars 2020, un atelier de renforcement des capacités sur l’utilisation de la carte de score a été organisé avec le soutien d’ALMA, et en mai 2021, la carte de score a été décentralisée à 21 districts sanitaires de 5 départements dans la partie sud du pays, durant lequel directeurs départementaux, médecin-chefs, gestionnaires de données et autres parties prenantes ont été formés à l’utilisation de l’outil.
L’outil carte de score est maintenant inclus dans les rapports semestriels et annuels du ministère de la Santé, et partagé avec le Ministère, les départements, les districts et les partenaires. La carte de score est aussi partagée lors de la réunion annuelle de coordination des programmes qui regroupe la Coordination des programmes MTN, les partenaires de mise en œuvre du secteur de la santé, et les partenaires comme l’OMS, ESPEN, Sightsavers, OPC (Organisation pour la Prévention de la Cécité) et le Fonds Mondial.
Impact de l’outil
Amélioration de la couverture thérapeutique
Lors de l’analyse de la carte de score du second semestre 2018, il a été révélé qu’il y avait un faible niveau de couverture thérapeutique dans le département du Niari. Après consultation avec les districts sanitaires il a été convenu d’investir dans le renforcement des capacités des agents de santé. Cela a conduit à l’organisation de sessions de formation & d’information ainsi que d’éducation & communication pour les agents de santé et les distributaires communautaires dans le département de Niari. Une analyse des goulots d’étranglement a également révélé un problème dans la chaîne d’approvisionnement, avec une rupture de stock de certains médicaments (Albendazole et Mectizan). Le Ministère de la santé a par conséquent fait acheminer des stocks supplémentaires dans le département de Niari.
Ces actions ont eu comme résultat l’amélioration significative de la couverture thérapeutique de l’onchocercose et de la filariose lymphatique de 79 % au 2e semestre 2018 à respectivement 83,2 % et 83 % au 1e semestre 2019.
Mobilisation des ressources auprès des partenaires
En 2019, la revue de la carte de score a mis en avant le fait que parmi les 302 cas recensés de lymphœdèmes et les 74 cas de personnes vivant avec hydrocèle, seuls 54 cas de lymphœdèmes avaient été pris en charge du fait des fonds disponibles limités. L’outil de carte de score a donc été utilisé lors des réunions de concertation avec les partenaires pour plaider en faveur de davantage de ressources : cela a conduit l’OMS/ESPEN à augmenter leurs contributions en 2020. Cela a également conduit les partenaires à soutenir la campagne de déparasitage du pays – avec une carte de score indiquant un taux de couverture de 100% au niveau national -, et à ramener les niveaux de couverture thérapeutique du rouge au vert entre la carte de score 2019 et celle de H2/2020.
Pour l’année 2021, la carte de score a été utilisée à nouveau comme outil de plaidoyer pour mobiliser des ressources additionnelles auprès des partenaires . Ainsi, après examen de la performance sur la carte de score l’OMS, l’OPC et Sightsavers ont financé l’administration massive de médicaments dans le département de la Sangha situé dans la partie nord du pays ainsi que la cartographie de l’onchocercose et la schistosomiase humaine africaine.
Mobilisation des ressources au niveau national
La carte de score est incorporée dans le rapport annuel des MTN, qui est partagé avec les partenaires gouvernementaux et les partenaires. En 2019, en utilisant la carte de score pour présenter les lacunes identifiées au cours de son analyse, le programme MTN a mobilisé des fonds du gouvernement et, à partir de 2020, une ligne budgétaire dédiée aux MTN a été créée avec un engagement de 100 000 millions de francs CFA (près de 170 000 dollars US) pour soutenir les quatre programmes de MTN.
Prochaines étapes
- Le gouvernement prévoit des ateliers réguliers pour renforcer les capacités des administrateurs départementaux à l’utilisation de l’outil carte score MTN ;
- A partir de 2021, des ateliers départementaux pour analyser la carte score MTN seront organisés lors des revues annuelles d’activités ;
- Le Ministère de la santé prévoit également le développement d’une carte de score MTN adaptée pour impliquer la communauté.